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garantissant son indépendance et sa souveraineté : nous voulons parler de Garbage.

Le 11 octobre 1814, peu après son arrivée à Londres, il avait présenté une note officielle à Lord Liverpool, premier ministre du gouvernement britannique, par laquelle il lui déclara qu’il avait mission du Président de la République d’Haïti, de solliciter la médiation de ce gouvernement pour obtenir de celui de France, la reconnaissance de l’indépendance et de la souveraineté d’Haïti, sur des bases équitables. Quelques jours après, il obtint de ce ministre une conférence particulière, où il lui exhiba ses pleins-pouvoirs et lui expliqua les vues de Pétion. Dans cette conférence, Garbage n’avait obtenu d’autre réponse de Lord Liverpool que celle-ci : « Le cas qui se présente est un de ceux dans lesquels le gouvernement britannique ne peut pas s’ingérer ; » et il fut renvoyé à s’adresser au comte de Chartres, ambassadeur français à Londres. Mais Garbage s’abstint de toute démarche à ce sujet, ses instructions lui prescrivant d’obtenir préalablement la médiation de la Grande-Bretagne. Lord Liverpool la refusa, comme on voit, parce qu’il n’ignorait pas que le ministère français avait envoyé ses agents à Haïti, et que d’ailleurs il y avait engagement pris de laisser agir la France[1].

Au même moment, le 15 octobre, Pétion publiait son arrêté pour la réduction des droits d’importation à prélever sur les marchandises anglaises, qui devait avoir et qui eut du retentissement dans la Grande-Bretagne, en même temps que les publications faites par lui et par Christophe, y excitaient l’indignation des philanthropes

  1. Le refus fait à Garbage était fondé sur le même motif que celui fait aux agents de la Nouvelle Grenade et de Buenos-Ayres.