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hommes de mer qui montaient une barge avec lui, furent accusés d’avoir commis un acte de piraterie sur un navire étranger, dans les parages de la Gonave. Livrés au tribunal militaire, ou commission permanente, en vertu de la loi, ils furent défendus par Daumec qui réussit à les sauver, par les circonstances de cette affaire. Mais, avocat heureux dans la défense de ses clients, il se ressouvint qu’il avait été l’un des bons et fermes législateurs de son pays ; il vit en quoi la loi était insuffisante pour atteindre efficacement la piraterie et les pirates. Désirant que la République s’honorât par la répression de ce crime qui nuisait à ses relations commerciales, il présenta des observations à ce sujet au Président d’Haïti, qui les transmit au sénat par son message du 3 janvier 1815, en les appuyant et provoquant une nouvelle loi plus explicative, définissant mieux les cas et les circonstances à l’aide desquelles la piraterie pourrait être prouvée et punie.

Alors parut la loi du 8 avril, en 20 articles, qui satisfit à ce besoin d’ordre public en établissant la peine de mort et d’autres graduées, à raison des circonstances. C’est tout un éloge pour Daumec, devenu l’un des sincères admirateurs de Pétion. Le président lui-même, en transmettant au sénat ses observations écrites et les appuyant, s’est mis au-dessus de cette petite vanité des chefs de gouvernement, qui se plaît à cacher le bien qu’on leur conseille ; et il a mis l’histoire à même de louer une bonne action d’un citoyen éclairé.

Elle doit louer aussi et honorer la mémoire d’un autre qui, en ce moment, se débattant à Londres contre les étreintes de la mort, faisait ce qui dépendait de lui pour assurer le repos et les progrès de sa patrie, en