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Les journaux anglais s’empressèrent de reproduire ces pièces en substance. Le Times des 4 et 5 janvier loua hautement la modération de l’écrit de Colombus et apprécia la haute portée de l’arrêté qui favorisait les produits britanniques. Tous les autres journaux se joignirent à cette feuille importante, sous ce point de vue, et émirent comme elle des opinions également approbatives du manifeste de Christophe et des écrits publiés au Cap. Dans son journal l’Ambigu, Peltier exalta particulièrement la fermeté et l’énergie de Christophe, et il y fit concourir d’autres journaux[1].

Dans les lettres écrites par D. Lavaysse, il était question « de traquer les Haïtiens comme des sauvages mal-faisans ou des nègres marrons ; » et il avouait « que la réserve faite par la France, de continuer la traite des noirs pendant cinq années, n’avait d’autre but que de remplacer la population d’Haïti, qui serait anéantie totalement, si elle ne se soumettait pas, en assurant que c’était par suite d’engagemens pris avec la France, par toutes les puissances de l’Europe, notamment la Grande-Bretagne. »

Ces déclarations officielles firent supposer l’existence de stipulations secrètes entre elles ; car aucun article patent ne contenait une pareille clause. Aussi, tous les journaux anglais se récrièrent contre le projet du gouvernement français, de restaurer son autorité à Haïti par

  1. On avait prétendu qu’à la fin de 1814, Christophe lui envoya 10 mille livrés sterling, ou 50 mille piastres, afin d’obtenir des publications dans plusieurs journaux, et que Peltier en aurait distribué 6 mille livres et gardé le reste. Nous avons lu des documens à ce sujet, à Paris ; mais il y a lieu de croire qu’il n’y eut qu’une promesse de la part de Christophe. Cela amena même une rupture entre lui et Peltier, en 1815. Ce journaliste qui avait tant écrit en faveur des Bourbons, n’en reçut aucune récompense ; il tomba dans la misère a Londres et eut recours à la charité publique.