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La France a fait la paix. Elle réclame des droits sur Saint-Domingue : elle les a perdus pour toujours sur Haïti, et c’est aux Français eux-mêmes qu’elle doit cette perte. Elle a voulu cependant les faire revivre, et a préféré employer la conciliation à des armes qui seront toujours impuissantes. Un agent s’est présenté : le général Dauxion Lavaysse ; vous l’avez reçu, accueilli ; il a joui des droits sacrés de l’hospitalité et a vécu avec confiance au milieu de vous ; il vous a parlé le langage de sa mission : éloigné de deux mille lieues de sa patrie, il a représenté avec chaleur les prétentions de son gouvernement et n’a été arrêté par aucune considération.

Vos chefs et vos magistrats ont été appelés et consultés, ils ont écouté avec calme les propositions de la France. Un gouvernement fort et établi sur les bases solides de la justice et de la raison peut tout entendre et sait également tout discerner. Ces propositions étaient incompatibles avec vos principes et vos institutions ; elles ont été unanimement rejetées : ainsi le seront toutes celles qui tendraient à vous faire rétrograder dans la carrière que vous avez parcourue.

Ne craignant pas la guerre, vous avez voulu prouver que vous désiriez la paix et éviter à vos familles, à vos enfans, ce qu’elle entraîne d’affligeant après elle, en offrant des sacrifices pécuniaires, pour imposer silence à vos persécuteurs dont les cris et les plaintes importunent le trône français, pour la restauration de biens qu’ils craindraient d’aborder, s’ils pouvaient se convaincre que ces biens seraient, à leur approche, transformés en cendres brûlantes. Vos chefs, dépositaires de vos intentions généralement exprimées, surtout depuis la paix continentale, en ont fait la proposition généreuse en votre nom,