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de Saint-Louis, du Gros-Morne, et des lieux circonvoisins sont en armes et occupent les défilés ; ils font la guerre d’embuscade qui est la plus propre à harceler l’ennemi. Je reçois chaque jour de leurs nouvelles. »


Tandis que Lamarre s’animait d’espérance, le chef de l’Etat était aux prises avec des conspirateurs.

La nécessité où l’on était de secourir l’insurrection du Nord, et de seconder l’action de l’armée expéditionnaire qu’on y envoyait, exigeait la présence du Président d’Haïti et de plusieurs sénateurs, à l’armée qui sortirait de nouveau du Port-au-Prince : dans cette occurrence, le sénat devait s’ajourner. Mais en prenant cette mesure, il ne pouvait s’aveugler sur la situation des choses : l’opposition de Gérin continuait sourdement contre Pétion ; des faits ou des paroles inconvenantes avaient eu lieu sous les murs de Saint-Marc par Yayou ; des propos tenus au Port-au-Prince y avaient fait écho : c’était donc pour le sénat, une occasion de reconnaître qu’il fallait revêtir le président de grands pouvoirs, pour qu’il pût maintenir son autorité constitutionnelle, et même celle de ce corps, contre les factions qui commençaient à s’organiser, et terrasser les conspirations, s’il en surgissait, afin que la République ne fût pas exposée à périr dans des déchiremens intérieurs, lorsqu’elle avait à combattre un ennemi puissant. La constituante avait déféré la dictature au sénat, par rapport à ce dernier : à son tour le sénat la déléguait au chef de l’État par des considérations encore plus majeures. Dans ces vues politiques, le 1er juillet il rendit le décret qui suit :

Le sénat, voulant donner au pouvoir exécutif toute la latitude