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cause en promettant d’y être fidèle jusqu’à son dernier soupir : il devint le chef de la cavalerie de l’armée expéditionnaire, et ne tarda pas à recevoir son brevet de chef d’escadron. On verra quel mâle courage signalèrent toutes les actions de ce brillant officier, dont la destinée fut de recueillir en dernier lieu, le périlleux héritage que son valeureux chef laissa au Môle Saint-Nicolas.

Lamarre s’était porté avec toutes ses troupes, au Port-de-Paix qu’occupaient les insurgés : par sa lettre du 10 juillet, il demanda au président 50 selles pour commencer la formation de sa cavalerie ; la veille, la flotille était entrée dans ce port, en faisant une salve d’artillerie. « Elle a attiré en cette ville un grand nombre de cultivateurs : l’arrivée de nos bâtimens ajoute une nouvelle assurance, et la joie est générale. »

Cette circonstance et l’envoi de troupes dans la péninsule, firent reconnaître à Christophe la nécessité d’augmenter sa marine militaire, pour l’opposer à celle de la République et empêcher que de nouveaux secours y fussent expédiés. En 1793, le généralissime faisait la guerre aux Anglais sur un corsaire armé au Cap : de là encore une propension naturelle de sa part à créer cette marine militaire. Pétion ayant aussi un goût particulier pour la navigation, les deux États en guerre devaient arriver à cette organisation, qui leur permettrait de lutter sur mer comme sur terre.


Rétabli de sa maladie, Christophe s’était rendu aux Gonaïves après que Bazelais eut déjà évacué cette ville : il retourna au Cap à la fin de juin. Apprenant que l’armée républicaine avait aussi abandonné son entreprise contre Saint-Marc, il fit une proclamation par laquelle il dé-