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il fallut l’investir pour en faire le siège et empêcher que des renforts y entrassent. Le président prit toutes les mesures à cet effet. Pierre Toussaint fit une sortie que le colonel David-Troy repoussa, en se maintenant dans la position qu’il occupait sur l’habitation Lacombe.

Le 10 juin, au moment où l’évacuation des Gonaïves s’opérait, Pétion écrivit au général Bazelais, qu’il avait l’intention d’envoyer le général Yayou à la tête d’une forte colonne aux Gonaïves, pour se porter ensuite au Port-de-Paix. Mais bientôt il aperçut la flotille qui se dirigeait au Port-au-Prince : il reconnut que Bazelais avait été forcé d’abandonner les Gonaïves. Dans une telle situation, il était inutile de continuer le siège de Saint-Marc : retourner au Port-au-Prince pour organiser une nouvelle expédition qui irait au secours des insurgés de la péninsule du Nord, était la chose la plus essentielle. Pétion prit cette résolution, et l’armée revint à la capitale.

À ces considérations militaires se joignaient aussi des motifs politiques ; car il paraît que dans cette campagne contre Saint-Marc, le général Yayou, sur qui Pétion comptait pour aller au secours des insurgés du Nord, conspirait contre la République et en faveur de Christophe. Au Port-au-Prince même, ceux qui étaient complices de ses projets tenaient des propos contre le gouvernement.

« Pendant l’absence du président, il y avait eu au Port-au-Prince, dans plusieurs cercles, quelques propos tenus contre le gouvernement. Les ennemis personnels de Yayou, envieux de sa gloire, répandirent que, pendant la campagne, il s’était montré hostile à Pétion par ses discours devant Saint-Marc. La pré-