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femmes et les enfans que sa cavalerie put atteindre : il en ordonna le massacre, en prenant position dans le Grand-Fort. Le lendemain, il se porta sur l’habitation Lallemand, à un-quart de lieue du Trois-Pavillons qu’il fit cerner par Romain.

Dans la nuit, Rebecca se décida à évacuer ce point. Arrivé sur l’habitation Paillet, à deux lieues de là, il fut atteint par la troupe de Romain qui s’était aperçue de sa fuite et qui le poursuivit. Pleins de courage, Rebecca et ses compagnons osent se mesurer avec des forces infiniment supérieures : il reçoit une balle à la cuisse et tombe parmi les morts ; le reste se sauve dans les montagnes. Intéressé à la capture de celui qui leva l’étendard de l’insurrection contre le généralissime, Romain fait chercher Rebecca parmi les victimes de cette sainte cause : il fut reconnu par le brave Toussaint Paul, plus désigné sous le nom de Toussaint Boufflet, qui servait Christophe alors, et qui devait lui-même devenir une victime du tyran, après s’être immortalisé, comme Rebecca, au service de la République dont il embrassa la cause. Toussaint, capitaine de dragons, avait été un des premiers à fuir du Port-de-Paix pour se rendre au Cap, lorsque l’insurrection eut lieu.

Traîné pardevant Romain, Rebecca conserva l’attitude d’un héroïque défenseur de la liberté ; il accabla ce général et Christophe, d’expressions de mépris que lui suggérait son horreur pour la tyrannie qu’ils exerçaient dans le Nord, en demandant d’être mis immédiatement à mort. Romain lui fit trancher la tête par un sapeur et l’envoya à son maître, qui, dans sa joie féroce, la fit exposer au bout d’une pique au Trois-Pavillons où il s’était rendu.

Ainsi se termina, le 21 mai, la carrière de ce brave soldat. On peut remarquer, à sa louange, qu’il ne commit