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rieur : ses discours publics contre le Président d’Haïti portèrent celui-ci à s’y rendre aussi, afin de neutraliser son opposition. Irrité de sa présence dans ce département et de l’accueil qu’il y reçut des populations, Gérin donna sa démission militaire qu’il accepta : ce général se retira dans ses foyers, couvant sa jalousie déplorable contre Pétion.

Revenu dans l’Ouest, le Président d’Haïti retrouva le sénat disposé plus que jamais à lui susciter des tracasseries. Ce corps commit l’imprudence de rédiger contre lui un véritable acte d’accusation qualifié de Remontrances, qu’il lui lut en face : des reproches injustes y étaient articulés contre son administration et la politique qu’il suivait dans le gouvernement de l’État. Il y opposa le calme de la sagesse, afin de ne pas entrer en lutte ouverte avec le corps législatif. Mais enhardis par ces procédés, les membres influens le portèrent à rendre un acte qui retirait formellement les pouvoirs extraordinaires délégués au Président d’Haïti. Convaincu à son tour du péril qu’offrait cette conduite pour la chose publique, Pétion éleva un colonel influent au grade de général de brigade, pour prouver au sénat qu’il entendait retenir les attributions nécessaires et inhérentes au pouvoir exécutif.

Il résolut d’entreprendre une campagne aussitôt, afin de détourner l’attention publique de ces tiraillemens entre les deux pouvoirs, et de dégager l’armée sous les ordres de Lamarre, des forces dirigées contre elle par Christophe. Des circonstances imprévues la firent échouer devant Saint-Marc, et il fallut rentrer à la capitale. Ce résultat fâcheux contraignit Lamarre à rentrer enfin dans la ville du Môle dont le siège mémorable commença aussitôt.