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RÉSUMÉ DE LA DEUXIÈME ÉPOQUE


La révolution qui renversa l’empereur Dessalines en abrégeant sa vie, créa pour Haïti une situation extrêmement difficile, par les prétentions élevées dans toutes les classes de la société, à raison des accusations portées contre ce chef pour justifier cet attentat. Ces prétentions nécessitaient alors des mesures pour le maintien de l’ordre et de la tranquillité publique, afin de faciliter l’établissement du nouveau régime que les révolutionnaires jugeaient le plus convenable aux intérêts du pays. Ce fut l’occasion d’une divergence de vues entre les principaux généraux qui dirigèrent la révolution.

H. Christophe, général en chef de l’armée, reconnu chef provisoire du gouvernement, à cause de son rang, de son ancienneté et de l’initiative qu’il avait prise pour abattre l’empereur, voulut n’employer que la contrainte et la rigueur qui étaient dans ses idées et ses habitudes.

Gérin, ex-ministre de la guerre et de la marine, qui avait été à la tête de l’insurrection du Sud, inclinait aussi vers ces moyens, à cause de son caractère despotique.

Mais Pétion, commandant de la 2e division de l’Ouest où l’empereur fut abattu, jugea qu’il fallait user de voies de douceur et de persuasion sur les esprits, parce que la modération ordinaire de son caractère l’y portait naturellement, et qu’il pensait qu’on devait être conséquent aux principes de la révolution.

Le chef provisoire du gouvernement tenant aux prérogatives de son autorité, il s’ensuivit aussitôt une situation telle, qu’on put prévoir des dissensions civiles imminentes, au grand détriment de la nation.