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pour passer sous les lois de celui qui n’avait en vue que le bonheur général et celui de chaque individu en particulier. C’était encore l’abjuration d’un système fondé par l’orgueil et la vanité, établissant l’inégalité entre des égaux, une monarchie au profit d’une famille, pour adopter un autre où chacun tenait son rang en vertu de la loi, où l’égalité existait entre les enfans d’une même famille, tous habiles à jouir de leurs droits, la République, enfin, régie au profit de tous.

Ce fut aux cris de : Vive la République ! Vive le Président d’Haïti ! que ces trompes entrèrent au Port-au-Prince. Elles reçurent de toute l’armée assiégée, de tous les citoyens, hommes et femmes, des témoignages éclatans de satisfaction pour leur conduite si patriotique.

Le colonel Marc Servant fut promu au grade de général de brigade avant son entrée : d’autres officiers reçurent également du Président d’Haïti, les grades qu’ils acquirent par leur concours à cette œuvre méritoire.[1] Il fit un accueil plein de fraternité au général Magny et à eux tous.

Magny ne lui cacha point que sa défection était forcée, étant lié par son serment ; mais il dit aussi que s’étant soumis à la nécessité, Pétion pouvait compter qu’il ne trahirait pas la République : il pria le président de le laisser sans aucune fonction, afin de sauver les jours de sa famille.[2] Pétion ne lui en témoigna que plus d’estime, et condescendit à son vœu. Ce général ne tarda pas à

  1. Parmi eux, on distinguait Jean-Gilles Gonave qui devint colonel du 7e régiment. C’est alors que Denis Toussaint, Antoine Rémy, Guillaume, Jacques Louis, Benoît Batraville, etc., etc. tous officiers de mérite, passèrent au service de la République et honorèrent leur pays par une conduite toujours digne du respect de leurs concitoyens.
  2. Christophe la respecta, parce qu’il apprit les circonstances qui forcèrent Magny à entrer au Port-au-Prince.