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plaudirent. Tous le prièrent de se joindre à eux pour passer sous l’autorité du Président d’Haïti, en lui représentant qu’ils ne pouvaient plus endurer la tyrannie de Christophe, et qu’il serait sa victime tôt ou tard et même de suite, s’il ne voulait pas entrer avec eux au Port-au-Prince. Ce fut un coup de foudre pour le général Magny, surtout lorsqu’il n’avait reçu aucune information préalable. Son premier mouvement fut de tenter d’user de son autorité, pour ramener ces troupes à leur devoir ; il les trouva impassiblement résolues. Il essaya de se retirer, on le retint avec respect, en lui témoignant tous les égards dus à son noble caractère, en lui représentant de nouveau qu’il périrait pour n’avoir pas même su la conjuration. Cette sollicitude soutenue le vainquit enfin ; il apprécia les raisons déduites en sa faveur, comme les motifs qui déterminèrent la défection. D’ailleurs, Magny connaissait Pétion depuis longtemps ; il savait qu’il allait se trouver sous un chef qui lui avait toujours témoigné une haute estime, une franche amitié ; il ne put donc ressentir de la répugnance à passer sous ses ordres. Et le système républicain qu’il allait embrasser, ne fut-il pas l’objet de son amour dans ses jeunes ans ? Ses premières armes ne se firent-elles pas sous les drapeaux d’une République ?

Aussitôt qu’il eut adhéré, les chefs firent sortir des remparts de la batterie, le capitaine Dalzon, quartier-maître du 3e régiment, jeune homme de grand courage, de nobles sentimens, muni d’un pavillon parlementaire, — blanc, — pour avertir la garnison du fort Lamarre qu’il avait à parler. On le laissa s’approcher du fort, et il déclara aux officiers supérieurs l’intention des troupes de la batterie et du 14e. Le général Gédéon et tous ses com-