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Adonis et lui ordonna de se joindre à lui pour attaquer l’ennemi dans ses retranchemens. Cet officier lui opposa les ordres positifs qu’il avait reçus de son chef immédiat ; mais Dugazon passa outre ces ordres et suivit Gédéon. Bientôt ce brave chef de bataillon fut tué, et Gédéon lui-même forcé à la retraite, après avoir perdu beaucoup d’hommes imprudemment menés contre les retranchemens ennemis. Pendant qu’il combattait ainsi, le président s’était porté au fort de l’Hôpital et avait envoyé à Borgella un détachement de la 18e commandé par le chef de bataillon Louis François. Aidé de cette force, il la réunit à sa réserve et se mit à leur tête, marchant contre l’ennemi qui, en repoussant Gédéon, était sorti de ses retranchemens ; en le voyant venir, l’ennemi y rentra.

Dans un moment où son poste fut attaqué avec vigueur, Bauvoir ne put résister à l’entraînement de sa vaillance habituelle. « Dans la chaleur du combat, l’adjudant-général Bauvoir prit la tête d’une compagnie de grenadiers et d’une autre de chasseurs de la 23e, et il a enlevé un rempart ennemi dans lequel il a trouvé une douzaine de fusils, plusieurs caisses de cartouches et fait deux prisonniers ; il y avait 18 morts dans ce poste qu’on a brisé et abandonné, parce qu’il est dominé par le canon ennemi. L’affaire a duré depuis 5 heures du matin jusqu’à midi, et nos troupes ont montré un courage vraiment stoïque ; toutes ont voulu rivaliser d’audace.[1] »

  1. Lettre de Pétion au général Henry, du 2 juin. Le président lui demandait des vivres, et lui recommandait de ne pas souffrir qu’on en vendît à des caboteurs de la Jamaïque qui venaient en chercher, à cause de l’embargo que les États-Unis avaient établi sur leur commerce, parce que la guerre entre eux et la Grande-Bretagne était imminente.

    Le 25 mai, le fameux J.-B. Lapointe, étant à Jérémie, écrivit à Pétion et se plaignit d’être persécuté ; il réclama sa justice et sa générosité, en sollicitant la permission de venir combattre au Port-au-Prince. Mais Pétion n’accepta point ses offres de services, tout en ordonnant de ne pas le persécuter. Lapointe arrivait de la Jamaïque.