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d’appuyer sa longue-vue sur l’épaule d’une sentinelle ; à peine il l’eût retirée et fait un pas, un boulet enleva la tête de ce malheureux soldat. Ce général était d’ailleurs exposé à tout moment, à périr comme ses subordonnés, par tous les projectiles qui tombaient dans le fort, de diverses batteries ennemies. Du reste, dans tous les forts surtout, les autres généraux se montraient aussi impassibles que lui, traçant à tous leurs inférieurs l’exemple du courage. Quand les boulets de l’ennemi manquaient les forts, ils traversaient la ville en toutes les directions, et personne n’était à l’abri de la mort ; il arriva nécessairement des accidens, mais ce sont les maisons surtout qui en furent criblées.

Dans la première quinzaine du mois d’avril, on reconnut que l’ennemi manœuvrait sur les hauteurs du morne l’Hôpital, de manière à y gagner du terrain pour cerner la place dans son côté sud. Le maréchal de camp Guerrier, comte du Mirebalais, commandait ses forces dans cette partie ; il établit des postes en regard de ceux du général Frédéric ; chaque jour, c’étaient des combats entre eux. Un de ces jours où l’engagement était plus sérieux, le général Boyer sortit à la tête de la garde à pied, monta sur ce morne et fit établir un poste sur l’habitation Bussy, qui dominait le principal de ceux de Guerrier ; et il y fit placer un obusier et deux canons, dont une couleuvrine de 16, pour le battre efficacement : Eveillard, devenu colonel de cette garde, en eut le commandement. Il y eut alors, de notre côté, une ligne de postes retranchés, depuis le sommet du morne jusqu’au bas, guerroyant sans cesse avec l’ennemi : le capitaine Desruisseaux, de la garde, se distingua dans l’une de ces affaires.

Mais, à la fin d’avril, la garde fut remplacée par d’au-