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puyé sur un gabion, sa longue-vue à la main, observant l’ennemi ; il paraît qu’il fut aperçu dans cette position, car le boulet vint frapper contre le gabion et y resta dans la terre, en en jetant sur Borgella, et sur Solages et Chardavoine, ses aides de camp, qui se tenaient à côté de lui. Echappé heureusement au projectile, il leur dit : « Puisque ce boulet ne m’a pas atteint, c’est un bon présage : aucun autre ne me tuera. »

La canonnade de cette batterie ennemie et de toutes les autres, s’ouvrit par ce coup qui faillit enlever ce brave général ; elle dura toute la journée. Le fort du Gouvernement y riposta de suite ; le fort National et les autres ne furent point avares de leurs boulets : ce fut un tapage épouvantable, et il continua ainsi pendant deux mois et demi que dura le siége. Bientôt, de nouvelles batteries furent dressées par l’ennemi, plus à proximité des fortifications de la place : les forts National, Lamarre et du Gouvernement, furent surtout ceux qu’elles canonnèrent.

Quand le président reconnut que le fort National était l’objet essentiel que l’ennemi avait en vue, il chargea le général Lys d’en prendre le commandement, ayant Patience sous ses ordres. Il ordonna de construire des redoutes hors de ce fort, sur la chaîne de monticules qui l’avoisinent au sud-est, pour mieux le garantir. : il y en eut deux principales qui furent désignées par les numéros 1er et 2. L’ennemi finit par s’établir si près de ces redoutes, avec ses gros canons, que nos soldats adressaient la parole à ceux du parti contraire.

Après avoir passé huit jours au fort National, Lys y fut remplacé par le général Francisque, qui en passa autant et qui fut relevé par le général Bruny Leblanc, pendant