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tation Bédet, vit arriver les troupes de l’ennemi sortant du Mirebalais. On aurait eu avis de leur marché plus tôt, si l’on avait placé une autre vedette sur l’habitation Lemeilleur, comme paraît l’avoir ordonné le général Boyer. Vers 2 heures, il fut informé, à Bonrepos, de cette marche de l’ennemi ; il joignit le général Gédéon et sa brigade, à Latan, et toutes ces troupes, moins les gardes nationales de Jacmel et de Baynet laissées là, se portèrent au pas de course à Santo, où étaient les chasseurs à cheval avec une pièce d’artillerie légère. Les troupes ennemies étaient déjà rangées en bataille.

« C’était, dit Boyer au président, dans sa lettre du 25 mars, comme vous l’aviez présumé, sa plus forte colonne ; et nous avons su, par le rapport des prisonniers que nous avons faits, qu’il y avait 9 régimens. Ils étaient en bataille, dans la savanne entre Santo et la Croix-des-Bouquets. Je vis bien cette extrême supériorité de l’ennemi ; mais il ne me parut pas convenable de me retirer devant lui : ce qui ne pouvait faire qu’un fort mauvais effet sur nos troupes. Elles faisaient la meilleure contenance et brûlaient d’ardeur de combattre. L’ennemi fit le mouvement pour nous attaquer ; alors la pièce d’artillerie légère tira, et à peine eut-elle le temps de redoubler un second coup, que nos troupes chargèrent l’ennemi qui ploya, et il fut aussitôt chargé par le colonel Per avec sa cavalerie. L’ennemi fut mis en déroute ; on lui prit deux drapeaux et des prisonniers. Mais, s’étant rallié, il revint à la charge ; et enfin, la grande supériorité du nombre l’emporta. Les 3e et 10e régimens furent contraints de replier, et je restai engagé avec le bataillon de la garde, ayant été obligé de mettre pied à terre à sa tête.