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périorité résultant de son autorité ; car des hommes comme eux méritaient tous ces ménagemens. Nous les verrons bientôt sur les remparts du Port-au-Prince, — Borgella, Lys, Francisque, — et nous saurons s’ils surent s’y réfugier avec honneur.

Ce n’est pas tout : encore une lettre à citer, du 19 mars. Par celle-ci, Boyer accusait réception de deux autres de Pétion, des 17 et 18, et de son ordre du jour, qu’il fit imprimer par ses ordres et expédier aux fonctionnaires publics, en le publiant aussi. Il lui dit : « L’heureuse circonstance de la soumission du Sud aux ordres du gouvernement, a comblé ici le peuple de la plus vive allégresse.[1] Le bonheur que vous avez eu d’atteindre ce but sans effusion de sang, vous donne en quelque sorte de nouveaux droits à la reconnaissance publique, et doit nécessairement augmenter la confusion et la honte de vos ennemis. Quelle leçon pour les méchans ! Et que de réflexions cette occasion fait naître sur les vicissitudes humaines ! Continuez, président, l’ouvrage que vous avez commencé ; la Providence bénira vos efforts. Songez à l’avenir ! soyez clément, mais soyez-le avec dignité. Pardon de la liberté de mes observations ; mais mon cœur et mes principes m’empêchent de vous parler différemment. »

Pétion eut dans le Sud, de nombreux adversaires et un seul ennemi : Bruno Blanchet. Il est à croire que beaucoup de ces adversaires ne le devinrent, que parce qu’ils étaient les ennemis de Boyer, dont les discours, comme les lettres citées ci-dessus, ne savaient pas toujours ménager ceux qui lui faisaient ombrage. De ce qu’il était

  1. Il y eut illumination spontanée au Port-au-Prince. — Journal l’Écho, du 22 mars, Nº 12.