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où l’Humanité entière devrait toujours se confondre dans un seul esprit, — celui de la Charité, — afin de bannir toute haine entre les enfans d’un même père. Le chef qui conçut cette pensée d’union, qui comprit si bien ses devoirs envers ses concitoyens, ses frères, qui était animé de cet esprit évangélique, méritait bien aussi les grâces divines attachées aux actes de son gouvernement, et d’emporter dans la tombe les regrets universels du peuple sur le cœur duquel il régna.

Mais voyons s’il mérite réellement, les louanges que nous donnons à sa conduite dans la pacification du Sud ; si tout ce qu’il fit à cette occasion ne fut pas l’effet de l’impulsion de son propre cœur ; si Pétion, enfin, peut être considéré comme un chef soumis aux influences de ceux qui l’entouraient.

Parmi ces hommes, Boyer passait aux yeux des opposans du temps, pour celui qui influençait le plus l’esprit du président, et nous en avons parlé déjà, à propos de sa mésintelligence avec Bonnet et d’autres. Examinons si Pétion encourut ce reproche ; car il faut dire la vérité tout entière, quand on la connaît par tradition ou documens ; autrement, on n’est pas digne d’écrire sur les faits historiques, on ne recommande pas son œuvre a l’estime du public. Voici des extraits de lettres adressées par Boyer au président, au moment où il allait dans le Sud.

Le 17 mars, il lui accusa réception de sa lettre du 16, par laquelle Pétion l’informait de la soumission des généraux B. Leblanc et Wagnac : « Cette heureuse circonstance, dit-il au président, présage la pacification générale du Sud ; car je ne présume pas que les désorganisateurs réfugiés à Aquin (Borgella, Lys, Vaval, etc.) conservent encore le coupable espoir de résister à votre