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De Cadillac, il se vendit à Trémé où vinrent le joindre les généraux Borgella, Vaval, Francisque, Lys, Faubert, et l’adjudant-général Véret, le 20 mars. Les troupes de l’Ouest étaient en bataille des deux côtés de l’avenue des beaux arbres qui conduisait de la barrière à la maison principale. Borgella s’étant avancé, le président descendit du perron pour le recevoir et l’embrasser, ainsi que les autres généraux. Pétion et Borgella passèrent dans le salon où ils causèrent quelques instans, avant d’admettre les autres. Le président lui exprima de nouveau, la satisfaction qu’il éprouvait de sa conduite désintéressée qui sauvait la République, et qui lui méritait la reconnaissance de la nation et la sienne en particulier : « Car, n’en doutez pas, lui dit-il, nous serons bientôt attaqués par Christophe ; j’ai eu des informations positives à cet égard : notre union seule peut nous sauver. »

Le 21, le Président d’Haïti fit son entrée aux Cayes, avec les troupes de l’Ouest et escorté des officiers généraux du Sud : Borgella était à sa droite, et Lys à sa gauche[1]. Il donna à ce dernier le pas sur Francisque et Vaval, afin de lui prouver qu’il ne conservait aucune rancune contre lui. Il fit plus envers ces deux généraux : tout près de la ville, le colonel Léveillé vint au-devant de lui avec quelques-uns des officiers de la 13e, et le salua très-bruyamment en se vantant d’avoir pris les armes pouivsa cause. Pétion lui dit : « Colonel, j’ai remarqué

  1. On remarqua qu’en entrant aux Cayes, Pétion avait un pied chaussé d’une botte, et l’autre, chaussé d’un soulier porté en pantouffle. Il donna pour raison qu’il souffrait au talon de ce pied ; mais comme il avait dit qu’il voulait entrer aux Cayes en pantouffles, on a pensé généralement qu’il ne voulut pas en avoir le démenti. Si telle fut son intention, passons-lui cela, à raison de sa conduite d’ailleurs si digne. Il avait reconnu en Borgella, le grade de général de division, pour avoir été général en chef du Sud.