Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 7.djvu/484

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mens de Léogane et de Jacmel durent se réunir à celles du Port-au-Prince, et les gardes nationales se tenir prêtes à marcher, au premier ordre.

La scission du Sud restait toujours comme un obstacle à la défense parfaite de la République, menacée par son cruel ennemi. Mais la Providence voulut que ce fût au moment même où il comptait le plus sur cette funeste division, qu’elle dut finir.

Le 7 mars, veille du jour de la proclamation du Lion du Nord, le colonel Pierre Henry, son homonyme, se prononça à Jérémie, à la tête de la 18e demi-brigade, en faveur de l’autorité du Président d’Haïti.[1] Cette affaire avait été si bien menée, que le général Francisque fut surpris quand elle éclata, et il fut contraint de se retirer de la place avec quelques officiers et ses guides, se dirigeant aux Cayes. Après son départ, tous les citoyens se prononcèrent comme la 18e. Dans l’arrondissement de Tiburon, le colonel Lepage, de la gendarmerie, entraîna également dans le mouvement une partie de la 19e et les citoyens.

Lorsque le général Francisque sortit de Jérémie, il s’était arrêté un instant à Dalmarie ; de là il en avait informé Borgella, par une lettre qui lui parvint aux Cayes. Le lendemain, ce dernier partit avec la 13e, un bataillon de la 17, et un détachement de dragons pour se porter à Jérémie. Quel que fût antérieurement son désir de mettre un terme à la situation où se trouvait le Sud à l’égard de l’Ouest, son devoir de général en chef lui commandait

  1. Depuis l’affaire de Gérin surtout, le colonel Henry, qui ne voulut pas y prendre part, s’était dévoué à Pétion ; et celui-ci avait pour lui les plus grands égards, pour avoir neutralisé l’ancienne influence de Bergerac Trichet sur la 18e. Pétion ne négligeait pas non plus Madame Henry qui, comme Madame Métellus, exerçait une grande influence sur son mari. Cette femme ne voyageait jamais sans ses pistolets qu’elle maniait habilement.