Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 7.djvu/466

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tour aux idées sages. Ce fut l’œuvre du général Borgella lui-même, dont les sentimens patriotiques étaient connus de tous : la publicité donnée par le conseil départemental aux pièces de la négociation, les mit encore au grand jour ; car il était évident qu’il inclinait, avec un noble désintéressement, à reconstituer l’unité de la République.

L’année 1811 se termina ainsi, en laissant de grandes espérances, non en apparence, mais au fond de la société, pour la cessation d’un état de choses qui compromettait l’existence de la République, alors que Christophe se préparait sérieusement à marcher contre elle.

Et dans une situation pareille, qui durait depuis cinq années, qui divisait la malheureuse Haïti et la livrait à toutes les horreurs de la guerre civile, était-il possible qu’aucun de ces divers gouvernemens songeât à développer l’intelligence de la jeunesse par des établissemens d’instruction publique ? Préoccupés du présent et de l’avenir du pays, selon leurs vues politiques, absorbés dans les opérations de la guerre, ayant si peu de finances pour y subvenir, ils étaient contraints d’ajourner ces utiles établissemens jusqu’à des temps meilleurs.

Dans la note placée à l’une des pages du chapitre précédent, on a pu voir que sous Pétion, gouvernant l’Ouest seulement, la solde des troupes même, pendant l’année 1811, n’a été portée qu’à la modique somme de 26,755 gourdes : ce qui prouve qu’elles la recevaient fort irrégulièrement, sans cesser, pour cela, d’être dévouées à leur pays La République se bornait à les rationner et habiller le mieux possible ; c’est ce que l’on voit dans les deux articles approvisionnemens et habillement de la note.