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Mais Borgella n’eût pas fait une telle chose, alors même qu’il l’eût pu ; et cette proposition de Pétion ne prouve que l’esprit de conciliation qu’il mettait à arriver à une solution utile aux deux départemens. D’accord avec Borgella pour l’envoi des commissaires du Sud au Grand-Goave, le 20 décembre, mais tenant au système départemental, le conseil nomma le général Vaval, Montbrun, deux de ses membres, E. Berret, habitant de Cavaillon et major dans la garde nationale, et le chef de bataillon Médor, commandant de la place d’Aquin, par un acte du 13 décembre, en leur donnant des instructions auxquelles ils devaient nécessairement se conformer.[1]

Par l’acte de leur nomination, le conseil qualifiait Pétion, de « Président de l’Ouest ; » il reconnaissait que la concorde était nécessaire entre les deux départemens ; « — qu’il est de toute évidence que la rupture qui existe entre le Sud et l’Ouest, ne saurait être utile qu’à l’ennemi commun et rendre redoutable toute agression de sa part ; qu’une union sincère, franche et durable est devenue plus nécessaire que jamais, par les événemens extérieurs qui marquent l’époque actuelle ; que l’indépendance proclamée de l’Amérique Espagnole, que la guerre qui menace d’éclater entre l’Angleterre et les États-Unis, peuvent produire des résultats qu’il est impossible de calculer ni de prévoir. » En conséquence : « la base du traité sera la justice qui n’est autre chose, entre gouvernemens, que l’égalité et la réciprocité. » Et, d’après les propositions faites par les commissaires au Grand-Goave, il paraît que leurs instructions leur en-

  1. E. Berret, auteur de la lettre citée au précédent chapitre, qui nous a fourni des reuseignemens sur les particularités de la scission. Vaval, Médor et Berret, étaient des amis particuliers de Borgella, qui, en les désignant, voulut éviter des paroles irritantes dans les discussions, alors même qu’on ne s’accorderait pas.