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citoyens, ma première pensée s’est portée sur les moyens à employer pour rapprocher les enfans d’une même famille, trop longtemps divisés : avant cet événement, j’en avais senti la nécessité, et personne plus que moi n’est convaincu que l’envahissement de l’un des départemens par notre ennemi commun, Henry Christophe, doit indubitablement entraîner la perte de l’autre. Plein de cette vérité, ne voyant notre force que dans notre union et voulant donner une nouvelle preuve d’estime à nos frères de l’Ouest, je viens, au nom de mes concitoyens du Sud (de l’aveu du conseil, néanmoins), vous proposer un pacte d’union convenable aux intérêts communs… » Et il demanda à Pétion de lui faire connaître les moyens qu’il désirerait employer pour y parvenir.

Il est entendu que cette lettre ne fut pas écrite par B. Blanchet, au style plein de fiel ; elle le fut par un citoyen recommandable, nommé Duret, devenu secrétaire particulier de Borgella. Ce fut encore une heureuse idée de sa part, de la faire apporter par un officier de cette brave 13e, qui avait inauguré la glorieuse guerre de l’indépendance, au Haut-du-Cap, sous les ordres de Pétion : ce corps, le premier du Sud, devenait ainsi, par son quartier-maître, une sorte de gage de la prochaine réunion de ce département sous son autorité.

Le Président d’Haïti accueillit avec distinction l’officier envoyé auprès de lui ; et il reçut aussi favorablement l’ouverture du général en chef du Sud. Répondant à ses sentimens patriotiques, il lui dit, entre autres choses correspondantes à ses raisons politiques : « J’ai éprouvé, citoyen général, un bien véritable plaisir de l’ouverture que vous me faites, et d’apprendre que vous aviez