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articulée, était trop formelle sur le point principal de l’accusation, pour qu’il pût échapper à une condamnation. Néanmoins, la commission militaire n’appliqua point dans toute leur rigueur, ni le code pénal militaire, ni l’arrêté du sénat, de février 1807 : elle le condamna à subir cinq années de détention. Probablement, elle prit en considération la déclaration de Pétion, dans son ordre du jour, — « qu’il avait espéré le ramener de sa coupable erreur. » On savait combien il était indulgent, comment il avait agi envers Yayou, Magloire et Gérin ; et à l’égard de Rigaud, il venait de prouver encore sa modération.

La détention de Delva, dans la prison du Port-au-Prince, fut aussi adoucie que possible, à raison des constructions de ce lieu : d’abord mis dans une des chambres appelées cachots, il ne tarda pas à occuper une autre grande chambre dans la partie appelée le civil ; il eut la faculté de la meubler, d’y recevoir sa famille et ses amis, en toute liberté[1]. Nous aurons à dire plus tard, par quel horrible assassinat cette détention fut abrégée, après une période de quatre anuées. En attendant, faisons à son égard comme nous avons fait pour d’autres : examinons comment cet estimable officier a pu concevoir la funeste idée de conspirer pour renverser Pétion du pouvoir présidentiel, ce qui eût entraîné sa mort, parce qu’on n’arrive pas à un tel résultat pour déposer simplement le chef de l’État.

Nous avons déjà attribué sa pensée à un faux calcul de son esprit et à son ambition : l’un a égaré son jugement en le persuadant qu’il pouvait réussir dans son projet,

  1. Pétion lui fit conserver la ferme d’une grande caféterie du domaine qu’il avait au Petit-Goave : ce qui lui procurait des moyens d’existence dans sa détention.