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Soldats, vous êtes dégagés de l’obéissance que vous deviez au général Delva, qui a perdu ce titre par sa conduite et ne fait plus partie de l’armée de la République.

Vous m’avez toujours vu à votre tête, braver les fatigues et les dangers au milieu des circonstances les plus difficiles. Vous avez été témoins de ma vive sollicitude pour votre bien-être.

Confiance, discipline, courage : nous terrasserons nos ennemis, et nous aurons la gloire impérissable d’avoir rendu la paix et le bonheur à notre pays.

Signé : Pétion.

Après la publication de cet ordre du jour, Delva revint de nuit au Port-au-Prince et se rendit chez le général Métellus, afin qu’il intervînt auprès de Pétion en sa faveur. Madame Métellus alla au palais, a minuit, annoncer son arrivée chez son mari. Il la chargea de lui dire de se rendre en prison, escorté par quelques hommes de la garde du palais, commandés par un officier, et qu’il serait soumis au jugement d’une commission militaire. Pétion dit de plus à Madame Métellus, que si elle voyait qu’il n’avait pas confiance, qu’il crut à un attentat contre sa vie, il la priait d’aller avec lui jusqu’à la prison : ce qu’elle fît.

Le lendemain, la commission militaire fut formée sous la présidence du général de brigade Frédéric, égal en grade au prévenu ; ce qui prouve que le président considéra que sa soumission spontanée détruisait la partie de son ordre du jour, où il était déclaré déchu de son titre ou de son grade de général, ce qui n’était pas légal, d’ailleurs.

Au jugement de cette cause, le prévenu déclara qu’il avait appris avec la plus vive indignation, que dans le public, on l’accusait d’avoir voulu attenter à la vie des hommes de couleur, parmi lesquels il comptait ses meilleurs amis ; que toute sa conduite, dans tous les temps, protestait contre une si calomnieuse imputation ; et que,