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Mais, ce ne fut pas de cette femme seule que Pétion reçut des informations sur le projet du général Delva, et ce n’était pas au général Métellus seul que ce dernier s’était adressé ; il avait cherché à y entraîner d’autres généraux, d’autres officiers supérieurs, colonels des corps de troupes de la garnison du Port-au-Prince : il était impossible qu’il n’y en eût pas parmi eux qui dévoileraient ce projet. Pour l’accomplir, il lui fallait le concours de bien des gens, comme dans toute conspiration : la sienne finit par arriver jusqu’aux soldats, si sympathiques à Pétion ; et les citoyens de la ville en furent eux-mêmes informés à la fin[1].

Nous connaissons encore une autre voie, par laquelle Pétion reçut une information positive, et la voici :

Les capitaines Desruisseaux et Boutte Geffrard (fils du général Geffrard) étaient tous deux de la garde du président : le premier, dans les chasseurs à pied ; le second, dans les chasseurs à cheval. Ils étaient venus des Cayes, avant la scission du Sud, et avaient pris service dans la garde, à la suite d’une malheureuse affaire où Desruisseaux avait tué un homme qui osa le frapper de son bâton. Convaincu que cet officier avait pu légitimement punir l’offenseur instantanément, Pétion n’avait pas voulu qu’on le poursuivît judiciairement, et Desruisseaux lui voua une affection sans bornes à cette occasion. Intimement lié avec Desruisseaux, Boutte Geffrard, que le général Delva avait gagné à son projet[2], essaya d’y faire

  1. Un officier qui avait des relations d’amitié avec mon père, a dit plusieurs fois chez lui, en ma présence, qu’il se passerait de terribles choses au mois d’août : l’événement qui survint, nous a donné lieu de soupçonner qu’il était du complot. Il est mort, je ne veux pas le nommer.
  2. La femme de ce général était la sœur de celle de Boutte Geffrard : de là la confiance qu’il eut en ce dernier.