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mission de citoyens capables d’une telle opération : il s’agissait de ceux de l’année 1810.

Des avis reçus du Nord, ayant appris que Christophe faisait des dispositions militaires qui indiquaient son intention de marcher contre le Port-au-Prince, après une conférence du président avec les membres du sénat, qui eut lieu le 9 juin, le sénat fit une loi en date du 17, qui demanda aux citoyens de toutes les communes de l’Ouest un emprunt remboursable en 1812. La somme demandée fut fixée à 50 mille gourdes, destinées à former une caisse particulière au trésor public, afin de servir uniquement à la solde et à l’entretien des troupes qu’il fallait réunir et tenir à poste fixe au Port-au-Prince.

À raison de l’introduction récente de la fausse monnaie, et de l’enlèvement de la bonne par le commerce étranger opérant ses retours, l’idée vint au président de proposer au sénat, de décréter une loi qui autoriserait le gouvernement à faire percer les piastres fortes, à extraire dans leur milieu une petite pièce qui aurait également cours, au taux de 18 centimes, les piastres et autres pièces percées continuant néanmoins à circuler pour leur valeur intrinsèque. La loi fut rendue le 27 juin, elle fixa à 100 mille gourdes la somme des piastres qui seraient percées[1].

Cet expédient financier, imaginé dans une circonstance difficile, donna lieu à une contrefaction considérable, dons l’Ouest même, qui eût été fatale à la République, sous tout autre chef que Pétion. Le gouvernement ne perça lui-même et ne mit en circulation, qu’une valeur

  1. À cette époque, on accusa Pétion d’avoir fait faire l’emprunt, pour soudoyer les troupes du Sud contre Rigaud. Mais les piastres percées et la petite monnaie tirée d’elles, ne circulèrent point dans le Sud. En outre, les recettes de diverses natures, en 1811, s’élevèrent