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X. Caro retourna en Espagne en janvier 1811, laissant Juan Sanches atteint d’une hydropisie de l’abdomen qui faisait prévoir sa fin prochaine. Effectivement, il mourut le 12 février suivant ; et, en ce moment, l’adjudant-général Campos Thabarrès venait à Santo-Domingo, de la part de Christophe, pour donner suite à son projet avec Juan Sanches : arrivé non loin de cette ville, il apprit la mort du Vainqueur de Palo-Hincado, et rebroussa chemin en toute hâte.

Sentant déjà les étreintes de la mort, le 7 février, Juan Sanches fit une adresse à ses compatriotes, où il leur recommanda de conserver l’union entre eux, la continuation de leur soumission à l’Espagne « jusqu’au résultat du sort de Sa Majesté Ferdinand VII, » et il leur dit en outre : « Continuez les relations d’amitié avec notre allié et voisin (H. Christophe), avec la même bonne foi, avec la même sincérité que vous m’avez vu garder. » Le 7 mars suivant, l’allié du défunt, à son tour, fit publier cette adresse sur la Gazette officielle de l’Etat d’Haïti, et il fit célébrer avec pompes un service funèbre à sa mémoire, en ordonnant aux officiers civils et militaires de porter le deuil durant un mois.

À côté de Juan Sanches, se trouvait un autre indigène natif de Santo-Domingo, Nunez de Cacérès, qui devint auditeur des guerres par l’influence de Xavier Caro. Possédant une brillante instruction, d’un caractère dont la vanité s’accrut par cela même, il vivait en mésintelligence avec le capitaine-général, et cette mésintelligence était entretenue entre eux par André Munoz, revenu d’Espagne. Sans ces rapports difficiles, peut-être Juan Sanches eût-il proclamé l’indépendance de l’Est. Il la voulait, à condition de son alliance avec