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classe civile et des fonctionnaires publics. Des copies de cet acte furent envoyées aux commanda ns des arrondissemens de Léogane et de Jacmel, et revinrent revêtues des signatures de tous ceux de ces villes, du Petit-Goave, du Grand-Goave, des Cayes-Jacmel, de Fesle, de Baynet et des Côtes-de-fer.

L’adresse de l’Ouest s’attacha d’abord à justifier Pétion, par ses sentimens connus dans tous les temps, par la douceur de son administration ; à légitimer sa réélection, par les dispositions de la constitution, en faisant entendre que l’ajournement du sénat, pendant plus de deux années, avait été le fait des sénateurs eux-mêmes, sans rappeler cependant ce qui pouvait être imputé à ceux qui se coalisèrent avec Gérin contre le président. Elle le défendit à propos de la mort des généraux Yayou, Magloire Ambroise, Gérin, et de la chute du Môle, etc. ; mais elle récrimina aussi contre Rigaud :… « Fallait-il accréditer l’opinion des étrangers, — que le général Rigaud est l’émissaire de Bonaparte, et qu’il veut faire de la République une province française ? [1] La reconnaissance est un des devoirs les plus sacrés parmi les hommes ; l’ingratitude est rangée au nombre des plus grands vices. Nous vous demanderons : Sous quels auspices le général Rigaud a-t-il pu se déterminer à venir à Haïti ; si le président ne s’est pas prêté à tous les moyens de l’y appeler ; s’il eût osé s’y rendre sous tout autre chef que lui, commandant le pays ? Nous vous citerons sa réception au Port-au-Prince… Nous vous demanderons : Si le Président d’Haïti n’a pas fait tout ce qu’il devait faire ? Et nous vous laisserons à juger si le géné-

  1. Il suffisait de ce trait pour dépopulariser Rigaud dans le Sud.