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département par sa ma uvaise administration : de là cetacte pour leur imposer silence : il fut publié le 8 décembre[1].

Les travaux des fortifications de la ville reprirent une accélération commandée par les circonstances[2]. Désormais, il fallait s’attendre à soutenir la lutte contre Christophe, avec les seules troupes de l’Ouest. Cependant, la Providence se réserva d’y faire concourir brillamment celles du Sud, en prouvant que les erreurs politiques n’avaient pas éteint le patriotisme dans le cœur des citoyens de ce département.

  1. Un homme de couleur, nommé Desforces, était employé au magasin général, sous les ordres de mon père ; malgré cet ordre du jour, il se permit des propos malveillans contre le président dans des cercles de la ville. On vint en faire le rapport à Pétion, qui envoya un officier et quatre soldats de sa garde l’arrêter en flagrant délit de son bavardage, afin de le conduire au palais de la présidence. En l’apercevant au milieu de ces militaires, Pétion fit dire à l’officier de le conduire en prison où il passa 48 heures : les propos cessèrent immédiatement au Port-au-Prince. Quant à Desforces, après sa sortie de prison, il voulait s’enfuir ou dans le Sud ou à l’étranger ; mais mon père lui dit qu’il valait mieux aller avouer ses torts au président, et il l’amena au palais où il pria le président de lui pardonner. Pétion se contenta de dire a Desforces : « Apprenez à vous taire, et retournez à vos fonctions au magasin général. » Voila le chef digne de commander aux hommes, par une modération exemplaire, par une générosité incessante.
  2. Bélisaire Bonnaire, vieux révolutionnaire, et Cébron Moquet, tous deux maçons de profession, se dévouèrent à ces travaux, par l’attachement qu’ils avaient pour Pétion et leur pays.