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La députation déclara : « Que l’objet de sa mission était d’empêcher que la guerre qui se préparait n’eût lieu, envisageant les effets funestes qu’elle devait produire ; et que son but était de proposer une réconciliation sincère entre le Président d’Haïti et le général Rigaud. »

Ce général répondit : « qu’il n’avait jamais eu l’intention de se diviser avec le Président d’Haïti ; que la marche des troupes de l’Ouest était le seul motif qui l’avait déterminé à se mettre en état de défense, pour préserver le département du Sud des malheurs de l’invasion qui le menaçait ; que sa nomination au cornet mandement en chef du département du Sud n’est point un sujet de le détacher de l’amitié qu’il porte au prêsident, dont il n’a jamais méconnu l’autorité ; qu’il offre de concourir ensemble à la prospérité d’Haïti et à la défense de la République, en se portant soit contre Christophe ou contre les insurgés de la Grande-Anse, pourvu toutefois que le département soit garanti de tout danger, et que l’armée de l’Ouest se retire du territoire du Sud. Telles sont également les intentions des généraux et officiers supérieurs. »

La députation retourna aussitôt au Port-au-Prince pour faire son rapport à Pétion. Elle informa le général Delva, à Trémé, de ce qui avait eu lieu ; et ce général, ayant acquis la certitude de la défection de B. Leblanc, contraint à cela par celle de la 16e, se décida à revenir au Pont-de-Miragoane, en même temps qu’il recevait de Rigaud une lettre qui l’invitait à quitter le territoire du Sud, parce que la présence de ses troupes à Trémé inquiétait les habitans et les cultivateurs. En lui répondant, de Saint-Michel, le 28 novembre, jour où il quitta Trémé, Delva