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Mais si, en prenant cette résolution, il a entraîné d’autres à son imitation, du moins sa participation à cet événement a été cause du salut de plusieurs hommes distingués, du maintien de l’ordre dans le Sud et de son retour heureux au giron de la République. Borgella seul pouvait succéder au pouvoir éphémère de Rigaud dans ce département, après lui avoir sauvé la vie aux Cayes, et préparer, par ses actes et sa modération, la réconciliation du Sud et de l’Ouest.

Son adhésion détermina celle du général Vaval ; mais celui-ci, en recevant de Voltaire sa lettre adressée au président, y en avait joint une autre de lui-même. Il chargea Bruno, commandant de la place d’Aquin, de les expédier au Port-au-Prince ; alors, il ne s’était pas encore prononce. Bruno trahit sa confiance en gardant ces lettres. Afin de s’assurer du concours de Vaval et de Borgella, le général Rigaud vint lui-même à Aquin où il le réclama et l’obtint.

Ni le général Bruny Leblanc, ni le général Francisque n’avaient encore adhéré à la séparation, encore moins le général Wagnac qui était dans la Grande-Anse. Étant à Jérémie, Rigaud n’avait point cherché à gagner Francisque ni Wagnac ; il voulait attendre que les députés, réunis aux Cayes, proclamassent leur acte du 3 novembre. Alors, il écrivit à ces trois généraux. B. Leblanc resta fidèle au président jusqu’au 25, où la 16e l’abandonna et le contraignit à adhérer[1]. Francisque ne se prononça avec le colo-

  1. Une lettre de B. Leblanc au président, à cette date, constate ce fait d’abandon. Les factieux embauchèrent la 16e en reprochant à ce général la mort de Gérin, en disant aux soldats qu’il les avait égarés pour les porter à combattre contre leur ancien colonel. Les trois communes de l’arrondissement de Nippes furent les seules qui n’envoyèrent point des électeurs-députés aux Cayes, tant on tenait son commandant en suspicion et en haine par rapport à Gérin.