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2o Pour la garantie publique, et aider le général en chef dans ses travaux, il lui sera adjoint un conseil privé qui sera composé des généraux et de cinq citoyens notables qui seront choisis au scrutin secret, dont la nomination formera un acte séparé.

Seize députés signèrent cet arrêté du 3 novembre. Le même jour, ils nommèrent les cinq membres notables du conseil privé : c’étaient Bruno Blanchet, Montbrun, Constant[1], Daguilh et Simon, ces deux derniers ex-sénateurs ; et l’assemblée départementale, en se dissolvant, fît une adresse à Rigaud pour le prier d’accepter la charge de général en chef et le féliciter du choix du peuple du Sud.

Le 6, Rigaud émit une proclamation à ses concitoyens du département du Sud, où il exprima toute sa gratitude pour cette nouvelle preuve de leur estime et de leur confiance, et autres généralités usitées en pareils cas ; mais il évita toute allusion à l’autorité de Pétion, toutes paroles acrimonieuses.

Toutes ces résolutions n’ont été évidemment que l’œuvre commune de Rigaud et de Blanchet ; les citoyens du Sud n’y auraient pas songé, si elles ne leur avaient pas été suggérées, par l’impatiente ambition de l’un et par la haine de l’autre[2]. Dans l’année 1809, Gérin avait vainement tenté de les soulever contre l’autorité du Président d’Haïti ; mais il est vrai qu’il n’avait aucune influence dans ce département, tandisque Rigaud en exerçait. Les longs malheurs de ce dernier, son retour inespéré, l’accueil qu’il reçut, le rang auquel l’éleva le président, les

  1. Celui-ci mourut vers la Noël, et fut remplacé par E. Hays. Montbrun, élu sénateur le 17 décembre 1808, n’avait pu siéger à cause de l’ajournement du sénat.
  2. Le dernier considérant de l’acte du 3 novembre est la reproduction du plan de Rigaud, dans sa lettre du 30 juillet, sur l’ordre à mettre dans l’administration et l’organisation de l’armée, sa discipline.