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des secours dans leurs chagrins et dans leurs maladies ; de faire régner parmi eux la pureté des mœurs, si nécessaire pour le bonheur des hommes, et la conservation de leur santé ; d’accroître enfin sensiblement la population de chaque habitation, d’étendre les cultures et d’en augmenter les produits.

15. Les pères et mères qui auront le plus d’enfans provenant de mariages légitimes, seront distingués par le gouvernement, et en obtiendront des encouragemens, des gratifications, et même des concessions de terrain.  »

Voilà des dispositions tout à fait morales, très-convenables dans une loi qui avait pour but d’honorer et d’encourager l’agriculture, et corrélatives à ce paragraphe. Mais, hélas ! ce n’étaient que des préceptes que les législateurs eux-mêmes ne pratiquaient pas, la plupart, pour en offrir l’exemple aux hommes dont ils voulaient relever les sentimens et faire le bonheur. Malheureusement, il en était de même du chef du gouvernement[1]. Alors, était-il juste de faire du mariage légitime une condition du respect à porter aux liens qui unissaient le cultivateur propriétaire à sa femme ? Cette loi le traitait-elle selon le principe d’égalité établi dans la constitution ?

« 2. Nul citoyen, à l’avenir, ne pourra se rendre acquéreur de moins de dix carreaux de terre, dont la moitié ne soit susceptible de culture, excepté cependant les propriétaires déjà établis qui pourront acheter dans les terrains contigus pour s’agrandir, jusqu’à la concurrence de dix carreaux et plus. »

  1. Le Président d’Haïti n’était pas marié à la femme qu’il avait chez lui, plusieurs des sénateurs étaient dans le même cas, presque toute la haute société était encore sous l’influence des mœurs coloniales, et le sénat voulait en quelque sorte que l’exemple partît d’en bas ! Lorsque le législateur veut reformer les mœurs, c’est à lui de tracer l’exemple au peuple.