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rang desquels était Blanchet qui, peut-être, aura rédigé la lettre du 4 septembre : tout son ensemble n’est, au fond, qu’une reproduction des Remontrances du sénat à Pétion.

C’est qu’alors le travail de la scission du Sud marchait à grands pas. Jérémie en était le foyer, parce que Rigaud et Blanchet s’y trouvaient ; mais ils combinaient ensemble leurs mesures pour la faire éclater aux Cayes, chef-lieu du département du Sud, afin de lui donner plus d’importance aux yeux de la population.

Au mois d’août, le colonel Borgella fut consulté à ce sujet, à Jérémie, notamment par les citoyens Gas et Jean Giraud, ce dernier mécontent de ce que l’ajournement du sénat, au 17 décembre 1808, ne lui avait pas permis d’y siéger. Borgella repoussa l’idée de cette scission par toutes les raisons qui voulaient le maintien de l’union entre le Sud et l’Ouest, pour résister à Christophe. Se trouvant sur le point d’aller à Àquin, pour assister au mariage d’une jeune parente, Borgella alla dire adieu à Rigaud. Celui-ci lui demanda ce qu’il y avait de nouveau dans Jérémie ; c’était une manière de le porter à s’expliquer sur le projet qu’il avait jeté dans l’esprit des citoyens. Borgella lui en parla dans les mêmes termes qu’à Jean Giraud et Gas. Blanchet, présent à la conversation, déblatéra contre Pétion qui, selon lui, perdait la République ; et il énuméra toutes les fautes, tous les torts qu’on voulait bien lui reprocher. « Alors, dit Borgella, au lieu de séparer le Sud de l’Ouest, — ce qui affaire blirait la République à l’égard de Christophe, — mieux vaut attendre la fin de la présidence de Pétion, pour avoir un nouveau chef, qui pourrait être le général Rigaud. » Rigaud parut goûter cette idée, mieux que