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point n’aura pas sans doute été suggéré par le général Wagnac, envoyé aussi pour expliquer les vues de Rigaud et de son conseiller ; car ce général montra toujours une entière déférence envers le président et un attachement dévoué à sa personne.

Blanchet avait été révoqué de la charge de secrétaire d’État, pour n’avoir pas pu fournir au sénat un seul état des recettes et des dépenses, aucun compte quelconque, aucun cadastre, etc., que ce corps demandait vainement, pour éclairer son comité de finances présidé par Bonnet ; sa propre incurie, sa passion pour ce qui troublait souvent sa raison, l’avaient empêché d’exercer aucune autorité sur les agents comptables ; le désordre le plus complet existait dans sa gestion des deniers publics[1] : et c’était cet homme, révoqué par le président pour ces motifs, que Rigaud envoyait pour faire accepter des idées d’ordre dans l’administration de l’État !

L’armée était organisée par plusieurs lois du sénat, et son organisation tenait encore des précédens établis par les régimes antérieurs à la République : il n’y avait donc rien à faire sous ce rapport. Mais on trouvait qu’il n’y avait pas assez de discipline, de subordination de l’inférieur au supérieur ; et Rigaud désignait à cet égard les troupes du Port-au-Prince, comme traçant de mauvais exemples aux autres[2].

Il trouvait tout-à-fait vicieux le régime de l’administration des finances, parce que les agents comptables de Jérémie s’opposèrent à ce que lui, général d’armée en

  1. Nous passons condamnation, comme on peut voir, sur l’ordre relatif aux cent milliers de café, — le seul qui existât dans sa gestion.
  2. Nous avons dit que, durant quelques mois, le général Francisque maintint l’ordre parmi ces troupes. Le général Lys étant retourné à son poste, c’est donc à lui que ce reproche pouvait être adressé !