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depuis Rebecca jusqu’à Toussaint Paul, ce que peut cet amour sacré sur le cœur humain ! Que de traits de courage il y aurait à citer de la part des soldats eux-mêmes, à côté des actes de bravoure, d’intrépidité, de constance à supporter une situation militaire des plus critiques, de la part de Lamarre, et d’Éveillard et de Toussaint Paul qui furent les derniers chefs de l’armée expéditionnaire ! Et cette valeur éclatante de Delva, de Bauvoir, de Léger, de tous les autres officiers supérieurs ou inférieurs qui participèrent à la guerre fameuse de la péninsule du Nord ! Ils dorment presque tous aujourd’hui, dans la tombe où s’engloutissent les générations ; mais le souvenir de leurs hauts faits doit les faire revivre avec gloire dans le cœur de leur postérité ; car ils remplirent leurs devoirs avec une sainte abnégation. La patrie leur doit ses regrets et sa gratitude.

Un soldat de la 24e était dans les rangs de sa compagnie, l’arme au bras gauche, et Lamarre et ses officiers se trouvaient tout près d’eux. Une balle atteint ce militaire à ce bras ; il passe son fusil au bras droit et dit à Lamarre : « Général, j’ai reçu un billet d’hôpital. » Lamarre s’avance et l’embrasse, en l’envoyant chez lui pour être soigné.

Le chef de bataillon Guillotte, de Jérémie, se rendait à son poste en compagnie du lieutenant Dufour, de la 16e ; une bombe vint tomber à leurs pieds. Guillotte la frappe d’une badine qu’il tenait à la main, en disant à son compagnon : « C’est bien sur nous que l’ennemi l’a dirigée ! » La bombe éclate aussitôt, coupe la badine sans les toucher : ils en rient et continuent leur route.

Il suffit de ces deux faits pour donner une idée de la valeur des défenseurs du Môle. Mais, ne refusons pas de