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L’intrépide Toussaint Paul, tout couvert de blessures, recueillit à son tour le dangereux, mais glorieux héritage laissé par Lamarre.

Le 16, l’ennemi coupa d’abord toutes communications entre les forts Allemand et Lamarre, pour que leurs garnisons ne pussent pas se secourir ; puis, dans la même journée, il enleva le premier, sans beaucoup de résistance de la part des soldats fatigués de cette lutte désespérée. Dès la mort d’Eveillard, la désertion à l’ennemi avait commencé dans leurs rangs : il faut excuser cette défaillance en une telle circonstance. C’est au fort Allemand que le brave Zénon fut tué à côté de ses pièces d’artillerie. Pendant l’attaque, l’ennemi mit le feu aux maisons d’une ville qui allait tomber en son pouvoir ; par cette destruction, il voulait effrayer ses défenseurs.

Toussaint n’avait plus à défendre que les forts Lamarre et Vallière, situés sur le rivage de la mer, et un faible poste au Cap-à-Foux : là, il pouvait encore recevoir des secours du Port-au-Prince, par les barges qui réussiraient à arriver au Môle. Il se tenait au fort Lamarre, ayant encore sous ses ordres les colonels Germain, Auguste Coignac et Pierre Lelong, et les chefs de bataillon Alain, Félix, Edouard, Ignace, Bily, Jean Gourneau, Vindiau Hatrel et Jean-Louis Vallée. Germain ne tarda pas à aller faire sa soumission à l’ennemi ; mais tous les autres restèrent fidèles à leurs drapeaux. Les privations de toutes sortes assiégeaient tous ces braves et leurs infortunés soldats, comme l’ennemi lui-même ; presque sans munitions de guerre, ils recevaient tous une faible ration de

    portée au Port-au-Prince. Le lieutenant Soulouque l’accompagna et fut admis dans la garde à cheval du président. Ce dernier fit faire des funérailles à Eveillard, qui fut enterré au fort qui porte son nom dans la ligne de défense, au nord de la ville.