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voir, Chauvet, Léger, pleurant le héros dont ils avaient si souvent partagé les nobles travaux.

À partir du jour de l’arrivée de la flotte, Pétion devint un véritable fils pour Madame Veuve Pellerin, mère de Lamarre, un parent affectueux pour tous les membres de sa famille ; et quand arriva le temps où il distribua de grandes propriétés rurales aux généraux, la mère de Lamarre reçut celle qui eût échu à son fils.


Pendant que la flotte de la République se tenait à la Presqu’île, le président, informé de la présence de la frégate ennemie qui l’y contraignait, avait expédié trois barges avec des munitions de guerre au Môle ; elles réussirent à y entrer de nuit. Le retour de nos bâtimens le porta à organiser ce service sur une plus grande échelle, soit pour y envoyer des munitions, soit pour recueillir des blessés et ce que les barges pourraient enlever d’hommes valides, au moment où la place ne pourrait plus se soutenir. Mais la flotte ennemie prit à son tour des précautions pour les empêcher de pénétrer dans le port : cette mission devint excessivement difficile et périlleuse. Dans une expédition d’une dizaine de ces barges, deux seulement d’entre elles parvinrent à leur destination[1]. C’étaient de faibles secours pour la garnison qui se voyait pressée chaque jour par les assiégeans.

Dans la seconde quinzaine de juillet, Eveillard écrivit plusieurs lettres à Pétion, que son frère apporta. Le 14 août, il l’informa que ce jour-là, la flotte ennemie avait tenté d’enlever la Républicaine et le Souffleur ; mais que les canons du fort Lamarre (jadis Georges) l’avaient

  1. Parmi ces intrépides bargistes, je ne me ressouviens que des noms de Boisfer, Casimir Soleil et J.-P. Gressier.