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sainte-barbe la fit voler en éclats, à la vue des bâtimens ennemis. Elle subit ainsi la même destinée que le courageux marin dont elle portait le nom[1].

Après la prise de la Presqu’île, Christophe retourna au Cap pour jouir des succès qu’il venait d’obtenir par la mort de Lamarre, la fuite de notre flotte et la possession de la Presqu’île, qui assuraient la chute prochaine du Môle. Il laissa au général Romain le soin de s’en emparer, ayant sous ses ordres les généraux Magny et Guerrier. Le 30 juillet, il fit un arrêté qui, « considérant que le nom de la ville du Cap, depuis l’expulsion des Français et l’indépendance d’Haïti, n’a point été changé, et que la dénomination du Cap-Français lui est donnée par les étrangers, » ordonna qu’à l’avenir, cette ville porterait le nom de Cap-Henry.

S’il avait été moins personnel, il eût compris que la dénomination de Cap-Haïtien était celle qu’il convenait de substituer à Cap-Français ; mais, en ce moment surtout, son orgueil était si flatté du triomphe de ses armes ! La basse adulation de ses serviteurs l’excitait encore ; car nous lisons dans le numéro de sa Gazette officielle du 9 août 1810, qu’au 15 juillet précédent, jour de la fête de Saint-Henry, le maréchal de camp Pierre Toussaint prononça un discours à Saint-Marc, dans lequel il exalta les hautes qualités de « notre auguste et vertueux président, » et dit : « Quel est celui d’entre nous qui, pour prix des services éclatans que son souverain ne cesse de rendre à son pays, pour le dédommager de ses nombreux sacrifices, ne brûle pas de ré-

  1. Nous avons puisé presque tous les faits relatifs a la prise de la Presqu’île et à notre flotte, dans la Gazette officielle de l’État d’Haïti, du 9 août 1810, N° 32.