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Veut-on une autre donnée sur la question qui nous occupe ? La voici :

Dans sa mission en France, en 1825, le colonel Frémont eut l’occasion de faire la connaissance du général Pamphile de Lacroix, dont on connaît les mémoires édités en 1819. Ce général lui ayant demandé, quelle opinion on avait eue en Haïti, du retour du général Rigaud dans le pays, Frémont lui répondit qu’on y avait appris par les Anglais, qu’il avait été envoyé pour agir dans l’intérêt de la France. Pamphile de Lacroix répliqua : qu’il ne pouvait l’assurer, mais qu’il le croyait, par les circonstances qu’il relata à Frémont. Selon ce qu’il dit à ce dernier, — étant à l’armée, en Espagne, en 1809, il reçut l’ordre de venir à Paris auprès du ministre de la guerre ; à son arrivée, le ministre lui dit : « C’est l’Empereur qui veut vous parler : allez aux Tuileries. » Il y fut et eut l’honneur d’être introduit auprès de Napoléon. L’Empereur lui parla de l’expédition de 1802, dit-il, se fit raconter bien des circonstances y relatives, et lui demanda son opinion sur Pétion, Christophe et autres chefs noirs ou mulâtres, avant d’en venir à Rigaud et sur ses sentimens pour la France ; il questionna Pamphile de Lacroix, plus au sujet de ce dernier que des autres, sans laisser percer néanmoins aucune intention de s’en servir. Après avoir reçu ces renseignemens, ajouta-t-il, Napoléon le congédia, et il fut prendre les ordres du ministre de la guerre, qui le renvoya à l’armée. « Quelque temps après, dit Pamphile de Lacroix à Frémont, je lus sur les journaux, que le général Rigaud s’était évadé de France. J’eus la pensée, alors, qu’il n’avait pu quitter la France que par suite des renseignemens que j’avais donnés à l’Empereur, attestant son constant dévoue-