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une prépondérance qu’il n’eut jamais, et qu’il voulait exercer sur le Président d’Haïti, au moyen de la constitution. Mois un tel homme n’eût pas laissé subsister l’ombre même de cet acte ; car ce jour-là, il annonça qu’il avait médité dans sa retraite un nouveau plan d’organisation : c’était annoncer la subversion des institutions proclamées sans son concours, sans sa participation[1].

On pouvait, on devait éprouver des regrets de la mort du général Gérin. Mais ce qu’il y eut de coupable de la part de tous les opposans au système politique de Pétion, c’est qu’ils eurent l’injustice de lui attribuer cet événement, comme si les faits ne parlaient pas assez éloquemment. Écoutons son propre langage, dans sa proclamation du 24 janvier :


Alexandre. Pétion, Président d’Haïti.

Une nouvelle conspiration a éclaté, elle s’est terminée comme les précédentes.

Un général connu par des services rendus à son pays, mais qui n’a jamais su maîtriser l’effervescence de son caractère et de son ambition, a porté l’égarement jusqu’à trahir la confiance de ses concitoyens et compromettre leur existence en se faisant chef de parti. Qu’il ait, en s’abusant dans ses calculs, supposé pour lui toutes les chances les plus favorables, pouvait-il dans ce cas même, ne pas prévoir que le résultat de sa tentative serait une nouvelle guerre civile ? Il a payé de sa vie, qu’il eût dû terminer plus utilement pour sa patrie et plus glorieusement pour lui, l’audace de son entreprise. Tous ceux qui ont partagé les criminels projets d’un homme qui voulait se frayer dans le sang, un chemin à la domination, me sont connus. Faut-il encore compter sur le repentir, et les soustraire à la rigueur de la loi ? Faut-il-prendre contre eux des mesures de pré-

  1. On peut se rappeler que, quoique élu membre de l’assemblée constituante de 1806, Gérin ne prit point part à ses travaux ; et qu’après, il blâma son œuvre en s’adressant à Bonnet et à d’autres de ses membres.