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là des autres îles de l’archipel. De son côté, dans le même mois, don Torribio Montes s’était décidé à envoyer tout le régiment de Porto-Rico, sous les ordres du colonel Arata, qui prit le commandement des opérations militaires, pour ne laisser à Juan Sanches que son autorité civile et politique sur la population indigène.

Celle de la ville s’élevait à environ 3000 âmes, et il y avait 4100 soldats français. Après s’être nourris des chevaux, des mulets, des ânes, des chiens, des chats, de vieux cuirs, d’herbes, de la racine vénéneuse de la gualliga[1], ils virent arriver autour de la place, qui était incessamment canonnée et bombardée, 1400 hommes de troupes anglaises sous les ordres du général Carmichaël, venant de la Jamaïque. Il fallut enfin céder aux horreurs de la famine et à la force : le 30 juin, le général Barquier réunit les officiers supérieurs et les chefs de service en conseil de guerre, qui résolut de capituler, non avec les indigènes et Juan Sanches, mais avec les Anglais. La convention de capitulation fut ratifiée de part et d’autre, le 7 juillet : en conséquence, les postes de la place furent remis aux troupes anglaises et espagnoles de Porto-Rico. Les officiers de la garnison conservèrent leurs épées ; ils furent envoyés en France, sous la condition de ne pas porter les armes contre la Grande-Bretagne et ses alliés pendant trois ans ; les sous-officiers et soldats prisonniers de guerre, déposant leurs armes, durent aussi être envoyés en France pour être échangés contre des prisonniers anglais, en passant d’abord à la Jamaïque, etc., etc.

  1. Espèce de manioc sauvage qui exige six jours de préparations successives, avant de pouvoir servir à la nourriture peu substantielle qu’elle procure et qui occasionne encore des gonflemens.