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Peu de jours avant le départ de l’armée du Port-au-Prince, le 27 mai, la flotte en était sortie, cette fois, sous les ordres d’Augustin Gaspard, le plus ancien capitaine après Panayoty : elle se rendit au Môle pour y débarquer quelques troupes et des approvisionnemens. Celle de Christophe ayant paru du côté nord de la presqu’île, Lamarre invita le commandant Gaspard à aller la combattre, et se porta lui-même sur la presqu’île pour assistera la bataille[1]. Le 6 juin, il informa le président que la flotte du Nord était composée de 6 bàtimens, et que la Furieuse, commandée par Benne, et le Derénoncourt, par Barthole, furent les seuls de nos bàtimensqui combattirent en cette circonstance contre tous ceux de l’ennemi. La Républicaine, que montait Gaspard, drossée par les courans, s’affala sur la côte et eût péri, si la Présidente n’était pas venue la remorquer ; les autres ne prirent aucune part à l’action, leurs capitaines ayant prétendu, à tort ou à raison, que le vent les en avait empêchés. Benne reçut une balle à la main dans ce combat : son collègue et lui ayant supporté tout le choc furent forcés enfin de prendre chasse. À leur rentrée au Môle, Lamarre les en fit sortir de nouveau pour aller à la rencontre de la flotte ennemie : deux autres combats eurent lieu, dans l’un desquels un boulet de 24 du Derénoncourt coula la mouche de l’ennemi, appelée l’Avant-Garde [2].

Le 7 juillet, le président rendit un arrêté qui décerna à Benne et à Barthole, un sabre d’honneur à chacun, en

  1. Elle eut lieu le 31 mai.
  2. En l’absence du président, Caneaux, commandant de la place, improvisa un grand bal chez lui, pour fêter cet événement. Les habitans du Port-au-Prince étaient dans la joie ; ils croyaient que la flotte du Nord allait être anéantie.