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Cul-de-Sac ou au Port-au-Prince, en fuyant les atrocités des agents de Christophe. Cette sollicitude du sénat envers ces concitoyens fut un acte méritoire.

Le 13 avril, il rendit un arrêté pour fixer le choix du local de ses séances, et sa garde à 50 grenadiers, et inviter les citoyens à assister à ses séances, afin de se convaincre que le sénat prenait les intérêts du peuple dans toutes ses résolutions.[1] Cette décision est aussi curieuse que naïve, et prouve que le peuple semblait indifférent aux discours surtout de ses législateurs : c’est que l’on ne forme pas tout d’un coup une nation au régime parlementaire, et lorsque d’ailleurs les lumières sont peu répandues dans la société. Au reste, le sénat haïtien eût pu, longtemps après, regretter ce peu d’empressement de la part du public, à venir à ses séances.

Le même jour, il organisa l’infanterie de la République par une loi. Chaque demi-brigade, au complet, dut être de 1861 hommes dont 1701 portant fusils : elle était composée de 3 bataillons à 9 compagnies chacun.

Le 18, une loi fut rendue sur la police des villes  : elle assigna les attributions respectives des juges de paix et des commandans de place, chargés de la police, et créa des commissaires sous leurs ordres, et un corps d’hommes préposés à cette police, qui devaient être pris parmi les pères de famille et parmi les individus d’une moralité connue. Les dispositions de cette loi étaient généralement bien entendues : leur exécution seule devint une

  1. En fixant sa garde a 50 grenadiers, le sénat adressa un message au Président d’Haïti, où il se plaignait que les autorités de la place lui en fournissaient une « composée de 4 soldats en lambeaux, représentant plutôt la garde d’une tabagie que celle des représentans du peuple. » Yayou et Lys, commandant l’arrondissement, étant sénateurs, c’était à eux de veiller à cela ; mais le sénat sembla en adresser le reproche à Pétion. C’est alors que le palais du sénat fut fixé dans la rue du Centre ; auparavant il siégeait dans une maison près du quai.