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dans le service militaire, et à Lamarre une condescendance portée à la faiblesse, disaient-ils, envers ces deux officiers supérieurs ; Thimoté s’ouvrit au capitaine Gaspard, de la 24e, sur son dessein dont le premier objet aurait été l’arrestation de Delva et Léger et leur renvoi au Port-au-Prince : il voulait porter ce capitaine à gagner les autres officiers et les soldats de ce corps, et par eux entraîner toute la garnison. « Quant à mon collègue Lamarre, dit-il à Gaspard, c’est malheureux ; mais que voulez-vous ? »

Telle fut la déposition faite par cet officier au général en chef : il s’y trouve aussi, ce qui ne s’accorde pas avec l’objet primitif, l’assurance donnée par Thimoté, que les troupes seraient bien accueillies par Christophe. En restreignant son projet à la simple arrestation et déportation de Delva, le second de Lamarre, c’eût été toujours un acte de haute insubordination militaire provoqué de la garnison, et qui eût pu avoir de funestes conséquences.

Quoi qu’il en soit, aussitôt informé de ce projet, Lamarre donna l’ordre à Delva, qui se fit accompagner par Léger, d’aller opérer l’arrestation de Thimoté pour le renvoyer au Port-au-Prince. Il eût dû l’appeler chez lui et exécuter cet ordre lui-même, ou en confier l’exécution à un autre que Delva, qui ne pouvait être qu’irrité contre le sénateur. Celui-ci, voyant les deux officiers supérieurs entourés d’un fort détachement de troupes, se refusa à se laisser arrêter par eux, réclama ses immunités sénatoriales et offrit de se rendre seul auprès de Lamarre : il s’était armé à l’apparition des troupes. Delva, à ton tour, eût dû lui donner la faculté qu’il réclamait ; car il ne pouvait se soustraire à son arrestation dans la place du Môle. Loin de