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sultat de leurs propres fautes. Cependant, au milieu de tout cela, le président veillait à assurer à la flotte, sinon la supériorité sur celle du Nord, du moins l’égalité dans tout combat qui pouvait se livrer entre elles ; car c’était là la chose essentielle pour secourir le Môle. En effet, comment y envoyer des approvisionnemens, si ce n’était par la flotte ? Comment y expédier des troupes, qui encombreraient ces bâtimens et gêneraient leurs manœuvres, s’ils devaient encore craindre la rencontre de ceux de l’ennemi ? Il ne fallait pas exposer la vie des soldats de renfort, lorsque déjà le champ de bataille où ils allaient se trouver était redouté des plus braves, comme un lieu d’où ils ne pouvaient guère espérer de revenir.

Enfin, dans les derniers jours de février, la flotte partit sous les ordres de Panayoty, et arriva au Môle sans livrer combat, avec des troupes et des approvisionnemens de guerre et de bouche. Le 1er mars, Lamarre écrivit au président : « L’extrémité où la place et l’armée étaient réduites, fut à son comble ; je ne trouve point d’expression assez forte pour vous la dépeindre. À l’arrivée de la flotte, à la consternation, à la douleur muette, a succédé une joie indicible parmi les infortunés que j’ai l’honneur de commander… Je vais remplir vos vues, en envoyant au Port-au-Prince les blessés et les estropies. Mon cœur sera soulagé de ne plus avoir devant les yeux les victimes d’une guerre opiniâtre… L’armée expéditionnaire se montre digne de votre sollicitude à la secourir, par sa constance et ses travaux guerriers… Envoyez-nous des pièces de campagne avec des boulets et mitrailles, des haches, pioches, etc. Envoyez-moi le chef de bataillon Zé-