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Thomas Durocher, et les autres fusillés : les deux graciés obtinrent la soumission de beaucoup d’autres, à cause de l’influence qu’ils exerçaient parmi eux. C’est ce qui paraît avoir déterminé cette loi portant amnistie en faveur de tous ceux qui se soumettraient.

On peut comprendre cet avis donné par Thomas Durocher, sans admettre avec l’Histoire d’Haïti, t. 3, p. 395, « qu’il alimentait sourdement le mouvement insurrectionnel, et qu’il se montrait indulgent à l’égard des prisonniers, parce qu’il les avait portés à la révolte. » Ayant été pendant longtemps inspecteur de culture dans la Grande-Anse, il connaissait tous les hommes de ces localités qui étaient influens sur les cultivateurs ; en conseillant aux chefs qui agissaient contre les insurgés, de pardonner à J.-B. Lagarde, il fit obtenir un premier résultat qui en présageait d’autres ; et le sénat, comme Pétion, comme Gérin, eurent confiance dans la mesure de l’amnistie. Si Thomas Durocher, d’accord avec Bergerac Trichet, avait été réellement l’auteur de cette révolte, il est impossible que toutes ces autorités n’en eussent pas été informées par quelque indiscrétion ou quelque aveu de la part des insurgés. La loi portant amnistie disait dans ses motifs : « Le sénat, ayant été suffisamment informé des causes qui ont occasionné l’insurrection des cultivateurs de l’arrondissement de la Grande-Anse, etc. » Il faut donc admettre que toutes les autorités qui concoururent à l’éclairer, étaient elles-mêmes bien renseignées à ce sujet.

Après cette loi d’amnistie, le lendemain 7 avril, le sénat en rendit une autre qui déclara en état de révolte tout le territoire soumis à Christophe : elle ordonna de faire croiser tous les bâtimens de la République sur ces côtes