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Michel et Arnoux, pour aller à la rencontre de l’ennemi, et il se porta lui-même dans ce dessein à la tôle de l’autre compagnie de grenadiers, accompagné de ses autres officiers d’état-major, Honoré et Hyppolite, et de ses guides. Passant par deux des rues aboutissant à la place d’armes, ils attaquèrent sans hésiter toutes ces masses qui les contraignirent bientôt à faire retraite au fort Georges ; et elles s’y dirigèrent en prenant position dans les maisons en maçonnerie qui l’avoisinaient, notamment dans celle qu’habitait Lamarre. De là, les généraux ennemis ordonnèrent un feu de tirailleurs sur le fort, que deux colonnes tentèrent vainement d’enlever d’assaut. Le jour se fit et vint encore éclairer les combattans. Les républicains virent alors à quelles forces ils résistaient.

En ce moment, Lamarre prit la résolution de sortir du fort Georges, par le côté opposé à l’ennemi, avec Honoré et son guide Rémy, afin d’aller par l’ancien jardin du roi au ford Allemand[1]. Là, il fit diriger deux pièces de 24 contre les troupes qui s’efforçaient d’enlever le fort Georges, tandis que le commandant ennemi, laissé à la porte de Jean-Rabel, dirigeait lui-même une pièce de même calibre contre ce fort. Peu après son départ, ses guides Décade et Soulouque l’avaient suivi et joint au fort Allemand. Mais, laissons-le parler dans sa lettre au Président d’Haïti.

« Jusqu’alors, nous étions livrés à nos seuls moyens ; ils étaient faibles par le nombre, et nous avions fait tout ce que notre pays peut exiger de nous. Moi-même, croyant que je devais m’immoler pour lui et qu’il fallait étonner l’ennemi par quelque coup hardi, je le tournai ;

  1. De ce fort, il envoya Honoré pour faire avancer les troupes de la Source-Ronde.