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fait insurger l’Est : il fallait donc que cette partie d’Haïti se replaçât sous la domination espagnole, puisque encore la guerre civile entre Christophe et Pétion empêchait l’un et l’autre de profiter des circonstances pour accomplir le vœu émis le 1er janvier 1804. Dans l’intérêt politique d’Haïti, mieux valait que ce territoire retournât à l’Espagne, jusqu’à des temps plus heureux : en attendant, les relations de commerce allaient se rétablir comme anciennement, au profit des populations respectives.

La décision de la junte de Bondilla émancipa Juan Sanches de l’autorité que s’arrogeait Torribio Montès. Néanmoins, il ne refusa point les secours qu’il pouvait en recevoir, et ce gouverneur les accorda, bon gré, mal gré, puisque enfin l’ancien ne colonie espagnole reprit les couleurs de la monarchie au nom de laquelle on se battait en Europe : il n’eut à regretter que de ne pouvoir plus se faire envoyer des bois d’acajou.

Quant à Cyriaco Ramirès, offensé de la décision, il se retira personnellement sur ses propriétés près d’Azua, sa troupe ayant passé sous les ordres de son heureux compétiteur : là, il faisait le boudeur, à peu près comme Gérin dans la République d’Haïti[1].

Devenu le chef suprême de l’Est, Juan Sanches fixa son quartier-général sur l’habitation Galar, où Dessalines avait le sien en 1805. Ses troupes, composées des milices ou gardes nationales de tous les quartiers, et de quelques centaines d’hommes du régiment de Porto-Rico, formaient trois divisions : l’une campée à l’est de Santo-Domingo, sous les ordres de Manuel Carabajal ; l’autre

  1. En mars 1809, Juan Sanches le rappela à l’armée, en lui donnant le commandement des troupes qu’il avait déjà dirigées, En juin, Pétion réactiva Gérin.